Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 22 mai 2010

Histoire d'OC - III


Ce troisième épisode nous montre de façon concrète comment en s’appuyant sur un jeune écrivain, Bernard Manciet a su garder un ton provocateur qui a empêché les lettres occitanes de se refermer sur elles-mêmes.

1985 et l’arrivée de Paul Castela et Michel Miniussi

Si OC, en ce début d’année 1985 n’avait rien perdu de sa vitalité et s’était même encore enrichi de collaborations extérieures, du Portugal et du Brésil notamment, à la faveur de ce numéro double, il n’était guère possible de continuer ainsi, en revanche, pour l’impression des futurs numéros et même, de façon plus générale, pour la gestion de la revue. Manciet venait de rencontrer le géographe Paul Castela, professeur à l’Université de Nice, où il avait créé un département d’occitan qui attirait de plus en plus d’étudiants. Ce fut Paul Castela qui devint alors directeur d’OC jusqu’en octobre 1997. En même temps, Michel Miniussi, jeune bibliothécaire formé à l’Université de Montpellier, qui « avait tout lu et savait tout de la littérature occitane », pour reprendre les mots de Paul Castela, sera le deuxième rédacteur-adjoint, aux côtés de Bernard Manciet. Une nouvelle « Nòva tièira » voit donc le jour en 1985, « XIIIa tièira » en fait, comme il sera indiqué sur la couverture à partir du n°8, celui de juillet 1988. L’empreinte de Michel Miniussi sur cette nouvelle série, jusqu’à sa mort prématurée en 1992, sera profonde. Au cours de cette étape, la grande complicité qui unit Manciet et Miniussi donnera à la revue un ton beaucoup plus incisif, souvent provocateur, au service d’un combat virulent contre les idées reçues, et en premier lieu celles qui concernent la littérature occitane et l’occitanisme. Ils ne se feront pas que des amis, mais peu leur en chaut. Au contraire. Ils se refusent à donner dans le compte rendu mou, révérencieux. Ils font entrer dans OC des genres qui, sous leur plume, se prêtent excellemment à l’ironie : l’épistolaire, le feuilleton… sans compter la publication d’apocryphes. Les « petits genres » participent à l’entreprise de démolition des clichés de l’occitanisme bien-pensant. Bien sûr, les chroniques, la critique tiennent par ailleurs une place considérable, à la mesure de ce regard démystificateur qui est désormais l’une des caractéristiques fondamentales de la revue. Outre Manciet, Miniussi a à ses côtés son ami F.C. Voilley, qui signe de nombreux comptes rendus ou études . Rigueur et érudition sont au cœur de la machine de guerre mise au point par Miniussi, comme le notait Voilley lui-même dans l’hommage qu’il rend à son ami trop tôt disparu. En désaccord avec l’une des « Orientacions » signées OC, Félix Castan démissionne du Comité de Rédaction par lettre du 15 novembre 1989. Le numéro CCC ( n° 20 de la « XIIIa tièira », de juillet 1991), de 286 pages, qui fait le point sur la traversée du siècle tout en ouvrant sur l’avenir et servira un peu de modèle aux deux autres numéros spéciaux qui verront le jour à l’étape suivante (OC 2000 et le numéro des 80 ans : « OC crusòl e crosador / creuset et carrefour »), est l’un des derniers que Michel Miniussi aura préparés. A partir du n° 23 de la « XIIIa tièira », d’avril 1992, c’est Jean-Louis Viguier qui sera, à mes côtés, rédacteur-adjoint d’OC. Après sa mort, en 1995, il sera remplacé par Bernard Molinier. A partir du numéro 40, de l’été 1996, Bernard Manciet demandera en outre à Jep Gouzy de devenir lui aussi rédacteur-adjoint pour s’occuper de la rubrique Germanor entièrement consacrée à la création en catalan. A partir de 1998, c’est Marie-Louise Gourdon qui sera directrice d’OC à la place de Paul Castela. Il reste enfin à signaler qu’à partir du n° 59 d’avril 2001, Jacques Privat s’occupera de la maquette.

Jean-Pierre Tardif


Compléments :

- Félix Castan sur wikipédia

- Le site dédié à la mémoire de Michel Miniussi




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