Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

lundi 28 février 2011

Journal intime de la lumière - V


2009

Según mis cálculos, esta fecha corresponde al momento en el que fui engendrado. Hace ya 53 años. Era el aniversario de mi padre. Lo imagino ebrio de tragos, locamente enamorado en los brazos de mi futura madre. Y luego así, nueve meses más tarde, nací. El diario íntimo de la luz, desde este instante mismo, comenzó para mí. Y desde ese día hasta hoy, no ceso de escudriñar el sol, sobre todo, de noche.

Selon mes calculs ce jour correspond au moment où j’ai été conçu. Cela fait déjà 53 ans. C’était l'anniversaire de mon père. Je l’imagine ivre d’alcool et d’amour dans les bras de ma future mère. Et puis voilà, neuf mois plus tard je suis né. Le journal de la lumière, dès cet instant même, a commencé pour moi. Depuis ce jour, jusqu’ à aujourd’hui, je scrute le soleil, surtout, la nuit.



2009

Regreso de Lodève con una intoxicación de poesía. Acabo de pasar diez días sentado en una pasarela en medio del riachuelo de la Soulondre, presentando un chuzo interminable de poetas. ¡Por suerte, la luz era allí tan dulce! Aquí lo demuestro. Fresca, chorreante como una cascada. Acostado sobre la sombra berenjena de un sauce la observaba; una paz ilusoria vivificaba mi ser. Azulado de alegría, veía una rosa igual que una luna, así como a la libertad, muy roja, ondular bajando la cañada.

Je rentre de Lodève avec une intoxication de poésie. Je viens de passer dix jours, assis sur une passerelle au milieu du ruisseau de la Soulondre, à présenter une brochette interminable de poètes. Par chance, la lumière était douce ! Ici, j’en témoigne. Fraîche, ruisselante comme une cascade… Couche sur l’ombre aubergine d’un saule pleureur, je l’observais ; une paix illusoire ravivait mon être. Azuré de jubilation, je voyais une rose égale à une lune, ainsi que la liberté, toute rouge, onduler en descendant la rive.




2009

Mamá murió. Acabo de enterarme. ¿Qué hacer?, ¿qué Pensar? Llorar. La entierran esta tarde. Sí, lejos, me es imposible llegar a tiempo para despedirme de ella. La misma cosa ocurrió con mi padre. Dos entierro faltados. Dos adioses que espero colmar al hacer este cuadro.

Maman est morte. Je viens de l’apprendre. Quoi faire ? Quoi penser ? Pleurer. On l’enterre ce soir. Si loin, il m’est impossible d’arriver à temps pour lui dire adieu. La même chose est arrivée avec mon père. Deux enterrements manqués. Deux adieux que j’espère combler en faisant ce tableau.




2009

Fue un día de calor tórrido, para cazar la pena nos casamos. La luz estaba ardiente, quemante, lo mismo las margaritas parecía que crepitaban. Todos nuestros muertos vinieron. Estaban tan contentos, hasta tal punto, que bailaban. El gato negro Aquiles se divertía con ellos. Hacia la medianoche, sentados todos juntos, al borde de la piscina, la mirada en las estrellas, la lira de Orfeo cantó. Hay músicas que me hacen pensar en la luz. La pintura forma parte.

C’est fut un jour de canicule, pour chasser le chagrin nous nous sommes mariés. La lumière était chaude, brûlante, même les marguerites on aurait dit qu’elles crépitaient. Tous nos morts sont venus. Ils étaient contents, à tel point, qu’ils dansaient. Le chat noir Achille s’amusait avec eux. Vers minuit, assis ensemble au bord de la piscine, le regard dans les étoiles, la lire d’Orphée a chanté. Il y a des musiques qui me font penser à la lumière. La peinture en fait partie.


(Peintures et textes d'Enan Burgos)

Complément :
Pour continuer avec l'artiste, sa dernière exposition : Vêtue d'amour

samedi 26 février 2011

Journal intime de la lumière - IV


2009

Pintura con fecha, ¿qué día hizo?, ¿gris, claro, nublado, azulado? Sol muy tímido, riendo poco. Sol sin amor adentro, solo en su pecho, adentrado. Mares amarillos lo anhelan, pero él en su cielo se apaga. Una estrella alza la mano, le dice adiós y la baja. He aquí la historia de este cuadro.

Peinture avec une date : quel jour a-t-il fait ? Gris, clair, nuageux, bleuté ? Soleil très timide, peu souriant. Soleil sans amour dedans, seul au fond de sa poitrine, très au fond. Des mers jaunes le désirent, mais lui dans son ciel s'éteint. Une étoile lève la main, lui dit adieu et la baisse. Voilà l’histoire de ce tableau.



2009

Paraíso, brisa, senda verde de la primavera… pistilos, capullos, pétalos de un rojo tan vivo. El prado de flores lleno. Por él se puede ir hasta la fuente, gozoso y soñando. Fragancias, pensamientos… ¡Caracoles! ¡Hoy es el día del trabajo! De sólo acordarme, el hostigamiento me va estrangulando. Sobre el lienzo, el pincel, por fortuna mía, continúa soñando.

Paradis, brise, sente verte du printemps … pistils, bourgeons, pétales d’un rouge si vif. L’herbage plein de fleurs. A travers lui, joyeux et rêveurs, on peut aller jusqu'à la source. Fragrances et pensées … Crotte ! Aujourd'hui c'est le jour du travail ! Du seul fait de me le rappeler, l’angoisse m'étrangle. Sur la toile, le pinceau, heureusement pour moi, continue à rêver.




2009

« Il pleut, il pleut bergère ! » Dicha canción popular francesa sirve para ilustrar el tiempo que hace. Un mes de mayo lluvioso, como todos los meses de mayo aquí. Entonces negruras pero no tan tristes, más bien serenas y hasta a veces glorificadas. Para un pintor como yo, unas cuantas pinceladas bastarían para darle a los nubarrones el color que ellos me ofrecen: el negro. Color de la guadaña para ciertas civilizaciones. La luz, entonces asustada, pidiendo socorro me tiende las manos.

"Il pleut, il pleut bergère!" La dite chanson populaire française sert à illustrer le temps qu'il fait. Un mois de mai pluvieux, comme tous les mois de mai ici. Alors, une noirceur pas si revêche, plutôt calme et même parfois glorifiée. Pour un peintre comme moi, quelques coups de pinceau suffiraient-ils pour donner aux gros nuages, la couleur qu'ils m'offrent : le noir. Couleur de la mort pour certaines civilisations. La lumière qui nonobstant a peur, me tend ses mains en demandant un secours.


(Peintures et textes d'Enan Burgos)

samedi 19 février 2011

Journal intime de la lumière - III


2009

Día de tu cumpleaños. Hoy la Farc ha liberado algunos de sus secuestrados. Este regalo, aunque no les guste, se lo deben los colombianos al presidente Hugo Chávez y a la senadora Piedad Córdoba, a la cual, aquí, rindo homenaje pintando su retrato. Con el rostro morado, sin ojos y sin boca, desfigurado por las calumnias y las mentiras del uribismo, es decir: del fascismo camuflado de la “seguridad democrática”.

Jour de ton anniversaire. Aujourd'hui les Farc ont libéré certains de leurs otages. Ce cadeau, bien que cela ne fasse pas plaisir à la plupart des Colombiens, nous le devons au président Hugo Chávez et à la sénatrice Piedad Córdoba, à qui, ici, pour lui rendre hommage, je fais le portrait. Avec le visage violacé, sans yeux et sans bouche, complètement défiguré par les calomnies et les mensonges de l'uribismo, c'est-à-dire : du fascisme camouflé de la « sécurité démocratique ».



2009

Círculos rojos, ocaso y cenizas. Ronda de luz delicada. Carmines trémulos. Impacientes, anhelando el retorno de la primavera, mis sentidos van y vienen. Amarillo que bordea el charco negro, que perdura. El narciso del otro lado, su blanco un poco turbio. Pájaros de un ocre celeste valsan sobre las ramas, resucitando. La lira del bosque se anima, canto de colores tiernos.

Cercles rouges, crépuscule et cendre. Ronde d’une lumière délicate. Carmin grelottant. Impatients, désirant le retour du printemps, mes sens vont et viennent. Jaune bordant cette flaque d'eau noire qui perdure. Le narcisse de l'autre côté, son blanc un peu trouble. Des oiseaux d'un ocre céleste valsent sur les branches, ressuscitant. La lyre du bois s’anime, chant de couleurs si tendres.



2009

Una isla escarlata donde las hormigas son azules y el sol sale entre dos franjas verdes del color de la ensalada. Otras dos islas de poco oro, tristes, muy pálidas, parecen deshabitadas. Guirnaldas de amor por el cielo, el beso de fuego, tu sangre en torrente, la aurora es poesía.

Une île écarlate où les fourmis sont bleues et le soleil sort entre deux franges vertes couleur de salade. Deux autres îles où l’or se fait rare, ternes, très pâles, semblent inhabitées. Par le ciel guirlande d’amour, le baiser de feu, torrent de ton sang, l'aurore est poésie.


(Peintures et textes d'Enan Burgos)

samedi 12 février 2011

Journal intime de la lumière - II


2009

El verde todavía gime. Aunque el fondo del paisaje sea menos lóbrego, el aire amoratado y frío lo mantiene sepultado. Baja del cielo la luna y se cuelga de una rama, los olivos ya plateados, sus hojas parecen lágrimas. Debe haber algún error. Cosa que nadie comprende y que ni siquiera Dios sabe.

Le vert encore gémissant. Bien que le fond du paysage soit moins lugubre, l'air violacé et froid le maintient enseveli. La lune descend du ciel et se suspend à une branche. Les oliviers argentés, ses feuilles on dirait des larmes. Il doit y avoir une erreur. Chose que personne ne comprend et que même Dieu ignore.




2009

¡Ah! La cosa se mejora. El paisaje ha cambiado, su fondo pasa del azul tristeza al mora claro. La luz comienza a vivir. Aunque aún bastante tímida. Huérfana de padre y madre, viviendo entre los esquimales, la amamantaron los renos con su semen lácteo.

Ah! La chose s'améliore. Le paysage a changé, son fond passe du bleu tristesse au mauve clair. La lumière commence à vivre. Bien qu'encore assez timide, orpheline de père et de mère, vivant entre les esquimaux, les rennes l'ont allaitée avec leur semence lactée.




2009


¿Qué es? De dos cosas, luna. Herrumbrosa y maléfica. Su reflejo triplicado sobre el lago. Parricida, perdura quemándose. La moral estúpida del pincel. Doliente luz de tu rostro. Has vivido sin saber lo que palpas, arrastrando tu vida, rasgando tu sombra, siempre frente al lienzo o el papel, reprimiendo tus ardores.

Qu’est-ce que c’est ? De deux choses, lune. Rougeâtre et maléfique. Son reflet triplé sur le lac. Parricide, elle perdure en se brûlant. La morale stupide du pinceau. Lumière douloureuse de ton visage. Tu as vécu sans savoir ce que tu palpes, en traînant ta vie, en déchirant ton ombre, face à la toile ou le papier, refoulant tes ardeurs.


(Peintures et textes d'Enan Burgos)


samedi 5 février 2011

Journal intime de la lumière : une exposition d'Enan Burgos

A la suite des deux expositions précédentes consacrées à Pierre Sentenac et Douceline Bertrand, voici aujourd'hui une troisième proposition qui couvrira tout ce mois de février. Elle présentera des oeuvres d'Enan Burgos. L'artiste, qui est aussi poète, a décidé du 5 novembre 2008 au 5 novembre 2009 de tenir ce qu'il a appelé son Journal intime de la lumière. Celui-ci a donné naissance à quatre-vingts peintures dont on pourra découvrir ici une sélection qui sera accompagnée de courts textes écrits en espagnol, la langue maternelle de l'auteur, suivis de la traduction française. Ainsi par les couleurs et par les mots, nous pourrons suivre le double mouvement du temps et de la vie, l'influence de la lumière sur la pensée, le rôle des événements qui ont touché l'artiste, sur ses perceptions et ses actes. Cette ouverture grand angle sur le dehors et le dedans, est une invitation pour chacun d'entre nous, a un rapport encore plus intime avec toutes les formes de lumière que nous pouvons capter.


2008

Día y noche se confunden. Halo macabro, tierra de Siena quemada que no puede ser del cielo, escandalosa para los ojos. Enredados hilos de luz, pinto ciego. El mar al revés, inmensamente al revés. La hora cambió, ya casi es invierno, innumerables lluvias, en ellas mojo el pincel, niebla súbita, azules ideales…

Jour et nuit se confondent. Un halo macabre, terre de Sienne brûlée qui ne peut pas être du ciel, scandaleuse pour les yeux. Fils emmêlés de la lumière, aveugle, je peins. La mer à l'envers, immensément à l'envers. L'heure a changé, c’est presque l’hiver, des pluies innombrables, en elles je trempe le pinceau, brouillard subit, bleu idéal…


2008

Extraño, tan extraño. Después de tres días de lluvia, esa esmeralda de mayo líquida sobre ese noviembre de plata. Hay que creerlo para verlo. Arco iris desvelado, matutino, los nuevos rayos lo alegran despejándole tiernamente el pecho. Oxido de azufre de claridades. Líquida y celeste esmeralda.

Étranger, si étranger. Après trois jours de pluie, cette émeraude de mai, liquide, sur ce novembre en argent. Il faut le croire pour le voir. Un arc-en-ciel éveillé, matinal, les nouveaux rayons lui plaisent, ouvrent tendrement sa poitrine. Oxyde de soufre de la clarté. Émeraude céleste et liquide…

2008

Las primeras endibias. Nada amargas. No están malas. Me hacen olvidar que el día está nublado. La tierra fría, campos y techos humeantes, el aire morado, se oye gemir lo verde, enterrado. Solsticio. Abrir y cerrar la puerta. El invierno por los caminos, montes cubiertos de nieve.

Les premières endives. Pas amères. Elles ne sont pas si mauvaises. Elles me font oublier que le jour est nuageux. La terre froide, champs et toits fumants, l'air est violet, le gémissement du vert, enseveli. Solstice. Ouvrir et fermer la porte. L'hiver passe son chemin, les montagnes sont couvertes de neige.


Complément :

- le site officiel de l'artiste