Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 15 décembre 2012

Célébration des cinq sens

L'hommage rendu à Théophile Briant en début d'année, m'avait amené à parler de la revue AVEL IX qui entretient son souvenir et même temps qu'elle prolonge son action au service de la poésie et de l'art. Son dernier numéro consacré aux cinq sens est un vrai régal.


Coordonné par Béatrix Balteg qui nous invite en ouverture à "regarder en face les merveilles de cette terre", la revue commence par le fameux poème de René Guy Cadou Pourquoi n'allez-vous pas à Paris ? où ce dernier préfère "l'odeur des lys la liberté des feuilles" aux attraits de la capitale. Suit un éditorial daté de 1938 de la revue Le Goéland que Théophile Briant avait intitulé : Odeurs du monde. "Des cinq sens qui gouvernent l'homme, l'odorat est sans doute le plus impérieux, celui qui est à la base de ses plus vives impulsions émotionnelles ou esthétiques et qui le dirige - par le bout du nez et souvent à son insu - vers ses préférences essentielles" note-t-il en introduction avant de poursuivre son itinéraire olfactif à travers l'histoire, les civilisations et la littérature. Danièle Auray poursuit en remarquant que : "Nos cinq sens - ces portes ouvertes sur le monde, ces voies d'accès conduisent à l'éveil. Elles nous permettent à la fois, la perception matérielle de la vie ainsi que celle de la dimension ultime."
 Puis Jean-Luc Legros nous propose une étude sur Henry-David Thoreau sous-titrée "Le ravissement des sens". La citation du poète américain choisie en exergue : "Comment extraire son miel de la fleur du monde ? C'est mon travail de chaque jour." indique d'emblée l'orientation de vie de ce "secrétaire des dieux", de ce "sensuel polymorphe" dont la volonté de fusion avec la nature n'a pas empêché un engagement courageux au milieu des hommes puisque il a été un des inspirateurs de Gandhi. Il est aussi considéré comme un des pionniers de l'écologie.
Avec "Henry Moore, celui qui aiguise l'atelier du regard" Serge Bouvier nous entraîne sur les pas du sculpteur britannique en accompagnant son texte de photographies d’œuvres de l'artiste. "Découvrir l’œuvre de Moore, c'est découvrir la nature, la nature humaine, c'est questionner un galet, c'est parler à un coquillage, à une vertèbre. C'est une incitation à l'épure, au minimalisme, à la quintessence" nous confie Serge Bouvier pour qui Henri Moore (1898-1986) a habité le XXe siècle en poète.
Le numéro se complète avec un cahier de poèmes tous consacrés aux 5 sens. On y retrouve quelques noms qui nous sont familiers : Francine Caron, Max Alhau, Moreau du Mans, Anne Bihoreau, Angèle Vannier, Jean-Albert Guénégan et Béatrice Balteig. Yekta, dont la photo est en couverture, conclut avec une suite de poèmes en prose intitulée "L'instinct ravisseur".
La revue se termine par ses rubriques habituelles qui rendent compte des activités de l'association Les Amis de la Tour du Vent, tout comme des nombreuses revues de poésie qu'elle reçoit et des recueils qui viennent de paraître. Elle témoigne ainsi d'un engagement au service d'une poésie qui respire bien fort l'homme et sa façon d'appréhender le monde contemporain.

                                                                                                              Jean-Luc Pouliquen

- Le numéro est vendu 16 € à commander à l'Association des Amis de la Tour du Vent, 87, avenue John Kennedy - 35400 Saint-Malo - Tél. 02 99 40 26 96

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