Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 2 février 2013

Un bout de chemin avec Philippe Blondeau

Comme nous l'avions fait au mois de septembre dernier pour Bernard Perroy, nous allons consacrer ce mois de février à Philippe Blondeau afin cheminer avec lui dans sa poésie. Philippe Blondeau est né en 1958 à Senlis, il vit actuellement près d’Amiens. Il a écrit une dizaine de recueils de poèmes et publié entre autres dans les revues Lieux d’êtres, Le Jardin ouvrier, Rétro-Viseur, Sarrazine, Contre-allées, Pyro… Il a également dirigé ou préfacé des ouvrages sur quelques poètes amis comme Pierre et Ilse Garnier ou Ivar Ch’Vavar, et il publie irrégulièrement des notes critiques, notamment dans Diérèse. En 2005, il a créé avec Tristan Felix La Passe, une revue des langues poétiques, fondée sur la rencontre et l’échange d’écritures poétiques de toute nature. Nous avions déjà eu l'occasion de l'interroger à ce sujet. Aujourd'hui c'est sur sa propre poésie que nous lui demandons de parler.

                          

Itinéraire en 10 recueils et quelques

 
Philippe votre bibliographie compte aujourd’hui plus d’une dizaine de titres. Pourriez-nous nous dire quand et comment a commencé votre parcours dans la poésie ?

Mes débuts en poésie ne furent pas particulièrement précoces. Lycéen, j’ai dû écrire quelques poèmes pâlement baudelairiens dont j’ai tout oublié. Je me souviens, vers vingt ans, d’un recueil manuscrit – j’en tairai le mauvais titre – ,composé et réalisé avec soin, et qui a dû finir au feu, à cause de défauts qui me paraissent aujourd’hui évidents, notamment le sérieux excessif qui fait confondre l’âme et la plume. Quelques pièces ont subsisté néanmoins et trouvé place, avec d’autres, dans mon premier recueil imprimé, publié à semi-compte d’auteur en 1982, grâce à quelques soutiens amicaux. Il me semble, en repensant à cette époque, que la poésie me prenait alors beaucoup de temps, mais sans doute plus en méditations passablement stériles qu’en travail vraiment constructif car il n’en est pas resté grand chose. Bien sûr, je lisais de la poésie, surtout les poètes du vingtième siècle, mais de manière assez fragmentaire et désordonnée, et, au fond, plutôt distraite. Pour tout dire, mon parcours dans la poésie a commencé de manière essentiellement introspective, ce qui n’est pas original, mais n’est pas non plus idéal. 

Y a-t-il eu des lectures plus importantes que d’autres ainsi que des rencontres marquantes ?

Les poètes qui m’ont durablement marqué, et que je pourrais sans doute compter sur mes dix doigts, appartiennent à l’évidence à la même famille. Proche dans le temps – ce n’est pas un hasard – ils le sont aussi par une attention essentielle au réel. Je citerai en premier lieu Jean Follain dont chaque poème, miracle de sobriété, d’équilibre et d’élégance, parvient à restituer un moment du monde sans recourir à l’artifice des métaphores ; Philippe Jaccottet pour son souci de la plus grande justesse ; dans une moindre mesure peut-être Guillevic ou Jacques Réda, et quelques autres encore dont il me suffit d’ouvrir un livre pour retrouver immédiatement la même évidence durable. J’ajouterai, sur un plan plus personnel, Jacques Bertin, d’abord chanteur, mais que je tiens pour un poète remarquable.
C’est à la rencontre de Jean Le Mauve que je dois d’avoir publié mes premiers recueils et, ainsi, persisté dans la voie de la poésie. Dans un registre bien différent, l’amitié de Tristan Felix, qui devait conduire à la création de notre revue La Passe, m’a aidé à sortir de mon univers un peu feutré et à explorer d’autres pistes d’écriture.

Votre premier recueil Pour habiter le mauvais temps a été publié en 1982, le dernier Tri, ce long tri vient de paraître. Sur trente ans de parution, voyez-vous différentes périodes, des moments de rupture traduisant des recherches ou des intérêts différents ?

Plus que par des recherches ou des intérêts, qui témoigneraient d’une sorte de maturation artistique, ces trente ans que vous évoquez sont ponctués à la fois par les hasards de l’édition et l’instabilité des dispositions personnelles. Je ne considère pas la poésie comme un statut, encore moins comme une activité professionnelle. Je la tiendrais plus volontiers pour un produit du hasard, ce qui explique certains blancs, certains silences plus ou moins longs. Ces silences, bien sûr, n’échappent pas à l’emprise du temps, ce qui contribue aux changements d’atmosphère ou de tonalité, plus ou moins voulus, comme j’ai tenté de m’en expliquer en prélude du Genre humain. Ceci dit, j’ai plutôt l’impression d’une continuité entre mes premiers poèmes et les plus récents. Par ailleurs la logique des recueils n’est pas exclusivement chronologique et il arrive que des poèmes anciens reviennent dans un livre en cours, en vertu de ce principe du tri que mon dernier recueil évoque et qui est pour moi une démarche naturelle dans la composition d’un livre de poèmes.

Après avoir pris connaissance de votre bibliographie j’invite les lecteurs de ce blog à aller à la rencontre de votre poésie dans les chroniques qui vont suivre.
                 
Poésie :
Pour habiter le mauvais temps, Éditions du moulin, 1982
Mesure d’oubli, chez l’auteur, 1983
Pour le livre du témoin, L’arbre, 1986
Les Minutes de l’air, L’arbre, 1991
Exercice de l’effacement, prix colportage, Rétro-Viseur éditions, 2002
Franchises, avec Tristan Felix, L’arbre 2005
Dehors, Polder, 2006
Décimales, Editions des Vanneaux, 2008
Coup double, avec Tristan Felix, Corps puce, 2009
Du genre humain, édition hors commerce, 2012
Tri, ce long tri, Éditions Henry, collection « La main aux poètes, 2012 

Proses :      
Blâmes funèbres, Jacques André éditeur, 2012

Compléments : 
- A propos du livre Coup double.
- A propos de la revue La Passe.
- Un extrait de Blâmes funèbres.

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