Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 20 juillet 2013

Présence de Charles Galtier - VIII

Nous terminons notre hommage à Charles Galtier par la dernière partie du témoignage de Pilar Blanco. Nous sommes heureux que celui-ci vienne d'Espagne et traduise ainsi le rayonnement de l'homme et de son œuvre au delà des frontières de la Provence.

     ¡Charles Galtier ! ¡Un grand personnage ! ¡Un grand ami ! ¡Un grand écrivain !
Un écrivain qui nous a laissé une œuvre considérable qui parcourt tous les traits du peuple provençal. Grand connaisseur de l’histoire littéraire de ce pays qui a été la source des langues romanes, et comme Mistral, continuateur des troubadours. Il a  plongé chez  Guillaume de Poitiers, Joffre Rudel, Marcabru, … Lou Consistòri del Gai Saber, Pey Garros (celui qui a écrit ces vers : préner la causa damnada  / de nòstra lenga mespresada,/ Per l’aunor deu païs sosténguer/ e per sa dignitat manténguer) et bien sûr Mistral et le Félibrige qui deviendront les nouveaux troubadours. Et après…
Et après tous les poètes et écrivains contemporains que nous connaissons. Galtier s’élève comme un grand poète dans : Lou creirès-ti ? ; Dins l’espero dòu vent ;  La dicho dou caraco
; Tros ; Lis alo de l’auceu,  li racino de l’aubre… Romancier  et conteur dans : S’il reste encore un pas ; Le chemin d’Arles ; Conte dis Aupiho, de Crau e de Camargo ; La Sirène ; Un vin que fai dansa li cabro Auteur dramatique dans : Li quatre set  ; Uno sautarello ; coumèdi en un ate….
Il m’a offert tous ses livres, mais je garde un souvenir particulier pour quatre d’entre eux de petit format qui peuvent s’ouvrir comme un éventail : Comptine de la Pintade ; Un oiseau sur un pommier ; Un et un font deux ; Ah ! Qu’est-il donc arrivé ?
Ce sont des livres curieux. Ils sont écrits sur un papier spécial que M. Galtier n’osa pas souiller avec de l’encre pour me faire une dédicace et il écrivit avec un crayon : « pour María del Pilar Blanco Garcia au nom de la Poésie et de l’amitié »
Dans La Comptine de la Pintade, nous y trouvons le dessin d’une Pintade, d’une chevrette, d’un chien et d’un bœuf, mais dans le texte il y a aussi d’autres animaux qui se mêlent avec des numéros. Ce sont des livres pour bibliophiles.
Grand connaisseur et ramasseur de proverbes, nous nous sommes bien amusés en cherchant les correspondants dans nos trois langues : le provençal, l’espagnol et le français.
Se plòu pèr l’Ascensoun, tout vai en perdicioun - S’il pleut pour l’Ascension, tout va en perdition -  Si llueve por la Ascensión 40 dias seguidos son.
Grand diffuseur de la langue dans ses écrits et dans ses faits. Toujours prêt à recevoir qui que se soit  par l’intérêt de la langue provençale.
Je vais raconter une petite anecdote : quand on devient professeur d’une langue particulière comme le provençal, naît l’envie de pouvoir visiter son territoire avec ses élèves. Durant le cours 1989-1990, j’ai eu un groupe d´étudiants qui s’intéressaient tellement à cette langue et civilisation qu’ils m’ont proposé de nous rendre sur place. Nous étions déjà au mois d’avril et il ne restait que peu de temps pour finir le cours. Aussi je leur ai suggéré de faire le voyage en octobre au début du cours suivant. Ils étaient d’accord. Alors, à Pâques je me suis rendu en Provence pour préparer le circuit que je pouvais faire avec eux afin d’obtenir le meilleur résultat. Comme toujours, j’ai parlé avec M. Galtier, je lui ai raconté le projet et, enchanté, il a contacté pour nous des professeurs de l’Université de Aix-en-Provence en vue d’une rencontre avec mes étudiants.  Ils pourraient leur poser toutes les questions qu’ils souhaitaient sur la langue provençale. Je voulais également, bien sûr, faire une visite à Maillane.
De gauche à droite : Charles Galtier, Pilar Blanco, Madame Cornillon, maire de Maillane, entourés des étudiants de l'Université de Madrid
Je suis rentrée avec le parcours établi. Nous suivrons, plus ou moins, la route de Mirèio. Nous visiterons les lieux les plus importants de la région, Marseille, l’Université d'Aix, Fontaine de Vaucluse, Carpentras, le Musée Mistral, Arles, Nîmes, etc., etc.
Le voyage a été inoubliable pour les élèves, pour les deux collègues qui m’accompagnaient et pour moi, sans aucun doute.
1913-2013, centenaire de la naissance d’un grand homme, d’un grand écrivain, d’un grand ami. Que ces lignes soient un hommage à cet homme, CHARLES GALTIER, qui a aimé, profondément, son territoire et sa langue, qui a été un grand ami de ses amis et surtout un HOMME HUMBLE DANS SA GRANDEUR.

                                                                                                                                        Pilar Blanco

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